Notre première université populaire : la fraternité en débat

Publié le par DA Six-Fours

Chères amies, chers amis,


Notre première université populaire sur le thème de la fraternité, autour de Régis Debray et de nombreux intellectuels, a été un très vif succès.

Pendant quatre heures, nous avons écouté, appris et débattu.

Conformément à l'idéal de démocratie participative, je veux mettre l'excellence intellectuelle et universitaire à la portée de tous. C'est pourquoi les universités populaires seront toutes consultables sur internet.

Les prochaines sont déjà programmées, comme je l'ai rappelé hier en conclusion de notre travaux. Voici les thèmes et les dates :

18 mai : Quel avenir pour les relations Afrique-Europe ? (dans la continuité du discours prononcé à Dakar, avec de grands intellectuels africains)

13 juin : Débat sur la crise économique, sociale et financière, autour de Philippe Aghion, professeur d'Economie à Harvard. Nous ferons venir face à des économistes de haut niveau, des chefs d'entreprise de PME afin de confronter l'intérêt économique avec ce que vivent au quotidien les chefs d'entreprise et leurs salariés.

20 juin : Débat sur la démocratie participative, l'engagement et les valeurs.

28 juin : Débat sur la culture, piloté par Pierre Bergé.

2ème week-end de septembre : Fête de la Fraternité, à Montpellier.

Et, en région Poitou-Charentes :

29 mai : 5ème rencontre Europe-Amérique Latine, autour du réseau de démocratie participative. Théme : démocratie participative et Internet. A Poitiers.

1, 2 et 3 octobre : avec Edgar Morin, Université populaire sur les politiques de civilisation et les sept défis de l'avenir (Economie, Sociale, Politique, Education, Environnement, Pensée et Ethique). A Poitiers.

A la veille du 1er mai, le lien entre l'actualité et le thème de la fraternité est évident, alors que les Français ont tellement soif de respect, de justice et d'efficacité dans l'action publique.

Demain, je serai à Niort, aux cotés des salariés de la Région Poitou-Charentes qui se battent pour leur avenir, et particulièrement ceux d'Heuliez, qui attendent toujours de l'Etat la concrétisation des annonces faites pour permettre la production de véhicules électriques, ce qui pourrait non seulement sauver l'entreprise mais aussi donner un avenir à l'industrie automobile française. Il y a de la part du pouvoir une inertie incompréhensible au moment où on nous annonce que la Chine serait sur le point de produire la voiture électrique grand public (voir l'article des Echos d'hier, 29 avril) et où les Etats-Unis viennent de décider d'y consacrer 2,5 milliards de dollars.

Espérons que, partout, la mobilisation des salariés obligera le gouvernement à changer de politique.

Nous devons également soutenir le combat des salariés des Outre Mers, et en particulier ceux de Guadeloupe. Car comme me le confirmait Elie Domota, il y a quelques jours, aussi incroyable et irresponsable que cela puisse paraître de la part du gouvernement, la prime de 200 euros, qui a fait l'objet de la signature d'un accord, n'est toujours pas versée aux salariés. Pas même la part de l'Etat. Là encore, cette inertie est coupable. Elle nourrit l'exaspération qui risque de déboucher à nouveau sur des conflits sociaux plus graves.

Nous devons toujours nous rappeler à chaque événement, et en particulier lors de cette Fête du travail du 1er mai, comment nous nous inscrivons dans l'histoire. Il n'est jamais inutile de rappeler les grands événements qui nous ont précédés. Ils montrent que le progrès social a rarement été donné aux salariés mais qu'ils l'ont souvent obtenu grâce à un rapport de forces exigeant plus d'égalité. Pour mémoire, voici d'où vient cette date du 1er mai et quelle a été son histoire :

1884 : Le congrès des syndicats américains se donne deux ans pour obtenir la journée de 8 heures. Leur action débute le 1er mai.

1er mai 1886 : La pression syndicale permet à 200 000 travailleurs américains d'obtenir la journée de 8 heures. Mais beaucoup de patrons résistent. 340 000 travailleurs sont en grève dans tout le pays. Le 3 mai, une manifestation fait trois morts chez les grévistes.

20 juillet 1889 : La deuxième Internationale socialiste décide de faire de chaque 1er mai une grande journée de manifestations pour la journée de 8 heures.

1er mai 1890 : Célébration concomitante dans plusieurs pays. En France, les manifestants arborent le « triangle rouge » symbolisant la division de la journée en trois parts égales : travail, sommeil, loisirs.

1er mai 1891 : A Fourmies, cité industrielle textile de 15 000 habitants, en majorité ouvriers. Un appel à la grève est lancé, qui réclame la journée de 8 heures et la hausse des salaires. La manifestation devait être festive et pacifique. Les mots d'ordre sont : « C'est les 8 heures qu'il nous faut » et « C'est nos frères qu'il nous faut » (frères : fraternité...). Sous l'impulsion des patrons, le maire demande des renforts armés (compagnies d'infanteries). A 18h15, 150 à 200 manifestants font face à 300 soldats équipés du nouveau fusil Lebel. Les cailloux volent, les soldats tirent. 9 morts et au moins 35 blessés. Clémenceau rend hommage au « 4ème Etat qui s'est soulevé » et dénonce l'attitude des forces de l'ordre (même si, en 1906, il mobilisera la troupe contre les manifestations ouvrières...).
Après le drame de Fourmies, le 1er mai s'enracine dans la tradition des luttes ouvrières européennes.

1er mai 1936 : Deux jours avant le deuxième tour des élections législatives qui verront la victoire du Front Populaire.

1947 : Le 1er mai devient jour chômé et payé pour tous les salariés sans conditions.

1948 : Officialisation de la dénomination « Fête du travail ».

Pour conclure, voici le témoignage révolté - relevé dans le Nouvel Observateur - d'Edouard Martin, représentant syndical CFDT d'Arcelor Mittal, entreprise emblématique du mépris subi par les ouvriers. Il y décrit un dialogue social déplorable, l'avidité des actionnaires et la parole politique non tenue, celle du Président de la République, bref, le gâchis lamentable d'un potentiel industriel :

« Comment ne pas en vouloir à ces dirigeants ''esclaves '' de la finance, des fonds de pension, de la bourse ou autres banquiers mais qui font porter les chaînes à leurs salariés ?(...) La situation de la Maison France continue de se détériorer à grande vitesse (...) Les salariés abusés, écoeurés et morts d'inquiétude continuent de ''siffler'' cette bien mauvaise partie. Oui, ils sifflent mais ce ne sont que des sifflets. Attention au jour où ils décideront de se mettre à... ''cracher'' ».


Ségolène Royal


Publié dans Désirs d'Avenir

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