L'équilibre des finances publiques implique la fin de la finance

Publié le par DA Six-Fours

Avec France Inter, la chronique de Bernard Maris, journaliste et écrivain. Qui revient, aujourd'hui, sur cette incroyable remarque de Jouyet, le patron de l'AMF : plus de 50% des transactions financières s'effectuent au black.

Source : Marianne 2.fr


Où  se trouve l’économie informelle ? Dans les bidonvilles, ou à Wall Street ? Cette question fait suite à une excellente remarque de Monsieur Jouyet : plus de 50%, peut être 80% des transactions financières sur les produits dérivés, se faisaient « over the counter », de gré à gré si l’on préfère, au « black » si l’on parle mal, c'est-à-dire de façon totalement informelle, en dehors de tout contrôle public et, particulièrement, fiscal. On reproche aux pays sous développés d’être incapables de faire de rentrer des  recettes publiques à cause d’une économie informelle, parallèle, trop importante.
C’est exactement le reproche que l’on peut faire aux économies hyper-développées, américaine ou européenne. Ces économies sont incapables de faire rentrer des impôts, parce que tout un secteur échappe à leur contrôle, la finance. Et comme ces économies ne peuvent pas faire rentrer d’impôt, elles empruntent.

D’où l’existence des paradis fiscaux qui sont faits, c’est un pléonasme, pour échapper à l’impôt tandis qu’on continue à profiter des services publics payés par l’impôt, des services de santé notamment. Mais il n’y a pas que la fraude fiscale qui caractérise l’économie parallèle, il y a aussi la corruption, le mélange avec l’argent sale. Wall Street est une économie parallèle. Et cette économie parallèle, comme dans les pays sous-développés, parasite et asphyxie l’économie normale. Le manque de démocratie et le manque d’éducation des pays sous développés sont largement dus à la faiblesse fiscale. L’économie financière parallèle est un manque de démocratie.

Comment récupérer cet argent ? Par une politique fiscale courageuse qui taxe fortement les institutions finanicères ayant conservé des rapports avec les paradis fiscaux. Pourquoi conserver de tels rapports, sinon pour frauder le fisc ? Vous répondrez : une taxation trop importante fera massivement fuir le capital. Pas sûr. Pas sûr du tout. La grande masse des petits et moyens dépots et la totalité des salaires ne bougera pas. Pour le reste, une politique coordonnée, coopérative, fera l’affaire.

Reste les produits dérivés, qui sont des produits d’assurance ; autrefois, les grandes entreprises publiques émettaient des emprunts « garantis par l’Etat ». La garantie de l’Etat suffisait à rassurer le prêteur sur le remboursement. L’Etat ne pouvait pas faire défaut. Aujourd’hui, l’Etat pouvant faire défaut, comme en  Grèce, l’assurance privée remplace la garantie publique. Mais l’assurance privée est un pari beaucoup plus dangereux: si tous les assureurs croient en la faillite, faillite il y aura.

La solution n'est pas si compliquée. La transparence totale en matière de produits dérivés, et la compensation. La limitation drastique des mouvements de spéculation par la taxation drastique des profits spéculatifs. Mais la vraie solution reste dans l’équilibre des finances publiques, et l’équilibre des finances publiques passe par la disparition de l’économie financière.

Publié dans Economie

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