Socialistes: vers un nouveau Bretton Woods ?
Source : Marianne2.fr
Est-il encore possible, en tant que Socialiste, d’analyser vraiment la crise actuelle du Capitalisme et d’en tirer les éléments de compréhension qui permettront d’élaborer face à elle une stratégie et des réponses ?
Il faut, en tout cas, essayer ! Pour cela, il est nécessaire de repartir d’une analyse des fondements du système économique capitaliste. Quel est ce point de départ ?
Il faut d’abord rappeler que le Capital s'efforce de réaliser le maximum de plus-value tout en réduisant simultanément autant qu’il est possible le coût de sa production.
Comme la valeur créée n'est que du travail réalisé, la masse de valeur que le Capital fait produire dépend exclusivement de la quantité de travail qu'il met en mouvement.
Autrement dit, les masses de plus-value produites sont le résultat de la quantité de travail mise en œuvre. Or la quantité de travail nécessaire à la production d’un bien ne cesse de diminuer en raison des progrès techniques introduits dans le processus afin d’améliorer sa productivité face à la concurrence. Si bien qu’à mesure que la productivité augmente, la valeur des produits chute et la grandeur relative de la plus-value réalisée par rapport au Capital investi ne cesse, quant à elle, de diminuer. Cette loi du Capitalisme explique les crises récurrentes que ce système économique engendre inévitablement.
En effet, aux prises avec cette loi d’airain de son économie, le système a tout mis en œuvre pour en reculer les limites. Ne pouvant faire échec à son application sur le taux (le rapport), il a conçu d’en compenser les effets sur la masse (la quantité). D’où l’expansionnisme généralisé du Capitalisme. Expansionnisme géographique qui a pris des formes différentes selon les époques : colonialisme, impérialisme, globalisation capitaliste.
Dès lors, le flottement des monnaies permet le développement de produits financiers complexes, comme les produits dérivés dont le gonflement démesuré vient d’aboutir à la crise bancaire et financière dans laquelle le monde est plongé et qui est, en réalité, une crise de l’endettement démesuré provoqué par un développement des flux financiers sans rapport avec les flux de marchandises (l'once d'or qui valait 35 $ en 1971 cotait plus de 1 000 $ en 2008. Le dollar avait alors perdu 96.5% de sa valeur en or).
C’est à partir de ces données là qu’il faut analyser la crise actuelle et c’est à cela que le système est confronté maintenant. À ses propres limites géographiques et pratiques, à son incapacité d’inventer de nouvelles sources de profit pour compenser la baisse irrémédiable de sa profitabilité.
Aussi, je n’hésite pas à dire que le texte que les Socialistes français se préparent à adopter, et qui doit leur servir de base pour un « nouveau modèle économique, social et écologique », n’est pas du tout à la hauteur de ce qui se joue actuellement sur la scène mondiale.
En 2008, des voix se sont élevées pour demander un nouveau Bretton Woods. En avril 2009, lors d'une réunion du G20 à Londres, les principales puissances économiques se sont entendues pour mettre en place de nouvelles règles pour les marchés financiers, lesquelles de toute évidence sont loin d’être suffisantes.
Puisqu’un Socialiste français préside actuellement aux destinées du Fonds Monétaire International, c’est peut-être l’occasion pour son parti de proposer ce nouveau Bretton Woods, qui devrait avoir pour objectif de ramener le Capitalisme mondialisé à la raison, à défaut de pouvoir, pour le moment, le dépasser.